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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/158

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martelait le cour, la tête… De telles émotions brisent. Enfin, ce sont eux… la lourde porte bardée de fer crie sur ses gonds, s’ouvre : deux hommes paraissent…

Le prisonnier, éperdu de joie, de crainte encore, se précipite dans les bras de son avocat, de son ami :

— Vous êtes libre ! s’écrie Me Ch*** en l’étreignant sur sa poitrine : remerciez votre noble libérateur !… ajoute-t-il.

Pour la première fois, le protégé et le protecteur se trouvent en présence ; Julien avance… hésite… Albert lui tend les bras… cette scène ne peut se décrire, Une calèche de voyage attelée de trois chevaux de poste attendait à la porte de la Force : Julien et Marie y montèrent, Albert après eux :

— Dans dix jours je vous rapporterai de leurs nouvelles ! nous cria-t-il en même temps que les chevaux enlevaient la voiture…

Et quand mes yeux l’eurent perdue de vue, que le bruit des roues cessa de se faire entendre, que tout se fut évanoui… je me sentis mourir : ils partaient… et moi je restais seule… seule.

Soutenue par M. Ch***, lui-même ému, silencieux, je gagnai le fiacre, près de la porte duquel se tenait Saint-Jean, la tête inclinée, le visage couvert de larmes. Pour moi, c’étaient des amis de quelques mois, mais que rattachaient à moi des liens désormais indestructibles, qui m’échappaient… pour lui, c’étaient des en-