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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/17

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paysans de ma province, dont le nom est Thibaut : le grand-père de celui-ci tenait à ferme les terres de notre baronnie du Val, en Dauphiné, et, pour le désigner entre ses frères, on l’appelait dans le pays Thibaut du Val. Il était en même temps maitre Jacques au château, pendant les séjours accidentels qu’y faisait ma famille lors de l’assemblée des états.

Mon père s’intéressa à son fils qui était un garçon assez intelligent, le fit placer commis aux gabelles, d’où il est parti, la révolution aidant, pour faire une fortune scandaleuse dans les fournitures des armées de la république.

Voilà l’origine du Duval et de ses deux cent mille livres de rente, qui, l’un portant l’autre, siégent au jourd’hui sur les bancs de la pairie !

Tout le monde se mit à rire.

C’est véritablement la fin du monde ! s’écria la marquise de Monl***.

— N’était-il pas député ? demanda quelqu’un.

– Eh, sans doute ! Il s’est fait nommer député pour faciliter l’ascension… Comme tant d’autres de l’espèce, le sieur Duval avait bien entendu que la députation serait pour lui un moyen, un marche-pied pour l’aider à grimper… Du reste, les précédents ne lui manquaient pas ! De concession en concession, nous tombons dans l’absurde ! dit en levant les épaules monsieur de Neyrac.

— Mais enfin, à quel titre l’a-t-on élevé à la dignité