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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/16

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duc de D *** avec l’aplomb d’un homme accoutumé à imposer son opinion, Savez-vous ce qu’a coûté à Londres cette paire de chevaux ?… Cinq cents livres sterling !

— Quel faste ! Quel luxe princier ! C’est inimaginable ! s’écria-t-on de toutes parts.

— Eh ! messieurs, jadis cela se passait exactement ainsi ; ce ne sont là que les us et coutumes traditionnels de l’ancienne finance ! M. Duval a un splendide état de maison, le meilleur cuisinier, la meilleure cave de Paris : de quoi vous plaignez-vous ? dit M. de L*** d’un ton de finesse moqueuse ; quant à moi, je trouve que, pour un financier déguisé en pair de France, il tranche fort agréablement du grand seigneur !

— Ne plaisantez pas sur ce sujet, M. de L *** ; je ne vois pas là le plus petit mot pour rire ! repartit avec humeur la vieille marquise de Monl***. Jadis, jadis, ne vous en déplaise, cela ne se passait pas de la sorte : le roi faisait quelquefois de messieurs de la finance ses hommes d’affaires, des ministres, mais non pas des pairs de France ! C’est à donner des nausées, de voir jeter la première dignité du royaume à la tête de gens de ce calibre !

— Qu’est-ce donc que ces Duval ? demanda à demi voix le vieux chevalier d’Ursel au commandeur de Neyrac, placé auprès de lui.

— Rien du tout, répondit-il tout haut. Ce sont des