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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/175

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fusaient ! Qui, autour de moi, partageait mes douleurs et mes joies ?… Dans quel coeur pouvais-je me réfugier ?… Hélas ! le seul coeur qui répondit au mien n’était ni celui de ma mère, ni celui de mon mari ! Et en dehors de ces saintes et naturelles affections cependant, tout n’est que malheur, que misères dans la vie d’une femme !…

Je le sentais confusément, toujours j’avais voulu me rattacher à eux, et eux me repoussaient… Jamais, jamais nous ne pouvions nous entendre !

Avant l’explication que je venais d’avoir avec ma mère, je ne m’étais pas rendu compte de la nature de l’attachement que je portais à Albert. Cette scène répandit la lumière dans mon âme… Aux déchirements de mon coeur, je connus qu’il existait un sentiment plus fort que la raison, que la crainte… que j’aimerais toujours Albert malgré les défenses de ma mère… que ne plus le voir, ne plus m’occuper de lui, rompre l’échange de nos pensées, de nos affections, c’était la ruine de mes seules joies, c’était le néant…

En cherchant à m’humilier dans l’objet de ma préférence, en employant la rudesse et la raillerie pour m’en détacher, ma mère avait eu tort ; j’étais irritée, mais non persuadée… Il me semblait que, d’à présent seulement, j’appréciais à sa valeur celui dont on voulait m’éloigner, et je ne trouvais ni la force ni le vouloir du sacrifice exigé !…

Elle cessa de parler. Et comme perdue dans ses