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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/21

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brochures, d’albums, de revues, se disposait à passer solitairement une bonne soirée.

Madame de Rivers est jeune encore, elle possède la considération que donnent une conduite et une mesure parfaites, la naissance et la fortune. Restée veuve de bonne heure, elle a arrangé sa vie pour en jouir à sa manière. Sa maison est le rendez-vous de la meilleure compagnie de Paris, et elle trouve du charme à ce tableau mouvant qui passe chaque jour sous ses yeux ; il lui plaît, mais ne l’éblouit pas… Le monde n’est pour elle qu’une distraction, non pas un besoin : elle l’a jugé… Elle sait ce que valent les démonstrations, les amitiés à fleur d’eau de la foule !

À cette heure de recueillement, il y a dans son âme de la tristesse et du dégoût… Elle s’indigne à huis clos en repassant dans ses souvenirs la conversation de l’après-midi, où à chaque mot, à chaque syllabe, se décelaient la malveillance et l’envie… L’envie ! cette lèpre hideuse qui s’attache à toutes les prospérités, à toutes les supériorités !… Oh ! que l’étude du cœur humain est chose repoussante !… murmura-t-elle en laissant échapper sa pensée par ses lèvres.

Le fracas d’une voiture qui entrait rapidement dans la cour de l’hôtel interrompit la rêverie de madame de Rivers :

— Une visite ! fit-elle avec un geste contrarié.

Le moment était mal choisi…

— C’est moi, Aline, dit en passant prestement de-