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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/29

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me retrouvais assise dans la classe, au moment où la sœur tourière venait me chercher pour me remettre aux mains de l’envoyé de ma mère : Saint-Jean m’installait dans la voiture dont les glaces étaient levées, refermait la portière, et montait derrière.

Tous les plaisirs de cette journée si longuement attendue, si ardemment désirée, se bornaient après le déjeuner, à aller, conduite par ma mère, rendre mes devoirs à ma grand’tante la duchesse de Nozan qui, en échange des souhaits que je lui adressais du meilleur de mon cœur, me donnait invariablement une petite boîte renfermant un joli bijou, et un gros sac de pistaches pralinées, lesquels présents me ravissaient.

Je dînais ensuite avec mes parents, dont la porte était toujours hermétiquement close ce jour-là, et le soir à huit heures je rentrais au couvent dans le même ordre que j’en étais sortie, à l’exception qu’au retour Saint-Jean occupait la banquette du devant, parce que, le soir, c’était un fiacre qui me reconduisait.

J’avais le cœur bien gros ; des larmes qu’il s’efforçait de me cacher roulaient dans les yeux du vieillard, pendant que pour la millième fois je lui répétais : « Tu viendras bien souvent me voir, m’apporter des nouvelles, n’est-ce pas ?… n’oublie pas !… » Ces nouvelles, il faut bien vous dire que c’étaient des joujoux, quand j’étais enfant, de petits objets qui satisfaisaient mes fantaisies, quand je fus jeune fille, et que l’excellent