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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/36

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Et elle me désigoait la place auprès d’elle sur le divan.

Ma mère me tutoyait rarement, et quand cela arrivait, j’en éprouvais un contentement, un bonheur !… J’avais bien de la peine à m’empêcher de me jeter dans ses bras en lui disant : Tu m’aimes donc ?…

— Ma fille, reprit-elle, dans quinze jours tu seras mariée. Ton père et moi nous avons donné notre parole.

Je tombais des nues, mon cœur battait à se rompre… mais ma mère m’imposait trop pour que j’osasse articuler la question qui brûlait mes lèvres ; A qui ?… je me mourais de le savoir.

Mon regard peut-être traduisit ma curiosité, et ma mère, qui ne voulait être ni interrompue ni interrogée, reprit brièvement :

— Le mari qui vous est destiné, ma fille, est immensément riche ; cette considération a dominé toutes les autres… La fortune, pour des personnes de notre rang, est une des conditions essentielles de bonheur, et vous n’en avez pas… La protection que madame a daigné me promettre pour votre mari est la seule dot que vous lui apporterez : ne l’oubliez pas.

Du reste, M. Duval… sembla-t-elle articuler avec effort, est bien de sa personne, il a trente-deux ans, des manières convenables : demain à trois heures M. Duval… vous sera présenté.