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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/45

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fussions expliqué pourquoi dans ces relations si superficielles qui existaient entre nous, il nous semblait cependant que nous n’étions pas des étrangers l’un pour l’autre ! Nous nous aimions bien avant d’en avoir échangé l’aveu !

Dans la simplicité de mon cœur, Aline, je ne désirais rien de plus que ce bonheur de l’apercevoir, de causer avec lui un moment au milieu de cent personnes, de danser avec lui quelques contredanses… de répondre à la douce pression de sa main, quand nous en fûmes là !…

J’aurais voulu qu’il fût mon frère, pour le recevoir à toute heure, pour le faire asseoir chaque jour à ma table, pour prendre son bras et lui dire : « Viens, Albert, tu m’accompagneras à la promenade, au spectacle, au bal, » pour lui raconter tout ce que je faisais, oh ! je ne rêvais que de nobles et pures jouissances ! Ce fut à cette époque que je perdis mon père ; et à cet événement se rattachent des circonstances qui ont décidé du sort du reste de ma vie…

Mon père, dont la santé était depuis quelque temps altérée, tomba sérieusement malade. Ma présence, mes soins semblaient lui être particulièrement agréables : heureuse de l’affection qu’il me témoignait, je m’établis auprès de lui et ne le quittai plus un moment. Un soir, nous étions seuls, la journée avait été assez bonne, il était étendu sur un lit de repos, et moi, ainsi qu’il aimait à me voir, j’étais assise sur un petit tabou-