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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/44

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tous les enivrements factices, jusqu’au jour où je rencontrai celui que Dieu devait avoir créé pour être le compagnon de ma vie !… J’avais dix-huit ans… et alors je découvris que j’avais une âme, que j’avais un cœur… Je connus ce sentiment qui complète l’existence d’une femme !…

Je n’ai pas été séduite, Aline, j’ai été entraînée tout naturellement à répondre à un amour passionné tel que je l’éprouvais moi-même bien avant d’avoir interrogé mon cœur ! Je n’ai pas réfléchi, je n’ai rien calculé… Je m’élançais avec ivresse dans une existence nouvelle… Pendant deux années j’ai vécu dans le ciel !…

Elle s’arrêta émue, et sur sa physionomie mobile se reflétait l’ineffable bonheur attaché à ce souvenir…

Madame de Rivers, silencieuse, considérait la jeune femme avec tristesse…

— Il possédait tout ce qui plaît et attire, reprit-elle avec entraînement.

Il était bien, très-bien de sa personne, je n’y songeais pas… Ses manières parfaites et réservées, l’expression de bonheur qui animait sa physionomie en m’approchant, en me parlant, m’avaient seules frappée…

Bien des mois s’écoulèrent sans que je me fusse rendu compte de ce que j’éprouvais, du charme qui nous entraînait l’un vers l’autre, sans que nous nous