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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/47

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déplacer les conditions… Les choses doivent rester sur le pied que j’ai établi.

Ne fais pas de cela une affaire de sentiment, ajouta-t-il d’un ton léger en remarquant mon émotion, mais seulement un acquittement à l’honneur de notre nom, rien de plus : c’est une vieille histoire, le résultat d’une amourette de jeune homme, tout à fait sans conséquence : Saint-Jean sera ton intermédiaire.

Cela dit, mon père ferma les yeux et parut s’endormir…

Ce que j’éprouvais est inexprimable. Jusqu’ici considérée comme une enfant par tout ce qui m’entourait, laissée en dehors de toutes les affaires sérieuses, de toutes les réalités de la vie, la confiance de mon père m’allait au cœur : pour la première fois j’étais comptée pour quelque chose par les miens… Je pouvais être utile à quelqu’un… Les intérêts, le sort d’un autre étaient commis à ma foi ! je me sentis grandie de dix coudées !

La spontanéité singulière, le ton, la sécheresse des formes qui accompagnaient cette confidence, ne purent la dépoétiser entièrement à mes yeux. Ce legs, je l’acceptais avec bonheur… non pas seulement comme un acquittement à l’honneur de notre nom, mais comme un devoir sacré, pour l’accomplissement duquel nuls sacrifices ne me coûteraient !

Et je promis à Dieu du fond de mon âme d’aimer, de protéger, d’assister de tous mes moyens celle que