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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/48

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la nature avait faite mon égale, et que sans doute avaient déshéritée de ses droits l’orgueil et les impitoyables convenances du monde !

Cet engagement, je le pris en silence, mon pauvre père n’en entendit pas la consolante expression, il ne l’avait pas voulu !… Dans cet entretien moi seule étais émue… lui, avait réglé cette affaire, comme dans notre intérieur de famille se réglaient toutes choses : par le sentiment inné des bienséances du rang, à l’exclusion complète du cœur…

Bien peu de jours après, mon père succomba ! Je pleurai sincèrement mon père. Il était bon pour moi, il m’aimait, comme ma mère m’aimait, aussi ! Leur manière n’était pas la mienne, voilà tout !…

Peut-être suis-je injuste envers les miens, Aline. Quelquefois, je le crains : la sensibilité exaltée qui est en moi n’existe pas en eux ; nous ne voyons pas, nous ne sentons pas de même. Là est tout le mal, la source pour moi de mille souffrances intimes qu’ils ne soupçonnent même pas. Est-ce leur faute, est-ce la mienne, si nous ne pouvons nous entendre ?…

D’après les dispositions habituelles de mon âme, la confidence que j’avais reçue de mon père était devenue mon idée fixe de tous les instants. Il me semblait qu’un avenir nouveau s’ouvrait devant moi… Vous n’avez pas l’idée de tout ce que mon imagination me fournit de plans, de projets pour parvenir à rapprocher de moi, à replacer indirectement, dans le rang qui lui