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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/85

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avait conservé, avant cette époque, de la vive et naive jeune fille, a été remplacé par quelque chose de plus posé, de plus réfléchi.

— Merci, mon bon Saint-Jean, lui dis-je, maintenant je connais Marie !… je veux la voir.

— Madame !… s’écria-t-il en faisant un geste de dénégation.

— Pourquoi cela ? Je veux la voir… te dis-je.

— Madame, dit-il avec affection, vous êtes bien jeune… je suis bien vieux, permettez à votre serviteur dévoué d’oser vous donner un avis : vous ne devez pas chercher à rapprocher Marie de vous, madame.

— J’ai des projets, Saint-Jean.

— Madame… je crois vous comprendre… mais… que voulez-vous faire ?… Le sort de Marie est irrévocablement fixé… à quel titre interviendriez-vous dans ses affaires, pénétreriez-vous dans les recoins cachés de son humble intérieur ? Et lui faire connaître ce titre serait une cruauté, madame ! Il est des distances infranchissables… Vous ne pouvez élever Marie jusqu’à vous, madame, et vous ne pouvez descendre jusqu’à elle !

— Je n’ai pas encore réfléchi à tout, dis-je, mais je puis toujours aller la voir ! Je saurai bien trouver un prétexte à mes visites, je…

— Madame, interrompit-il, vous n’avez pas réfléchi à cela non plus, pardon… Une fois sans doute vous pourrez aller voir madame Thibaut, mais vos visites