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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/84

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Maman, où donc est mon papa à moi ? lui demandai-je.

Elle ne me répondait pas.

— Est-ce que je n’ai pas de papa, moi ?… dis, maman, je t’en prie ? repris-je.

Il n’existe plus, ma fille, articula-t-elle avec effort.

Je ne comprenais pas bien… et j’ouvrais la bouche pour l’interroger encore, « Chut ! Marie… fit-elle. Prie Dieu tous les jours pour ton père, chère enfant… » dit-elle avec tendresse tout bas, en cachant sur mon front, qu’elle baisait frénétiquement, son visage inondé de larmes.

Ces larmes entrèrent profondément dans mon cœur ! Je fus bien longtemps à me pardonner le chagrin que j’avais causé à ma mère, si bonne, si douce. Et quoique, en grandissant, ma pensée se soit souvent arrêtée sur ce sujet, jamais, jamais plus je ne l’ai questionnée !

Le retour de Julien mit fin à cette conversation, et jamais non plus il n’a été question entre Marie et moi de cette soirée… Dans son intérieur, elle est restée la simple et laborieuse jeune femme, tendre, aimante pour son mari ; affectueuse, prévenante pour sa bonne belle-mère ; elle adore ses enfants ; depuis, une jolie petite fille, qu’elle a également nourrie, lui est née : rien n’est changé dans sa manière de faire la joie et le bonheur de son intérieur.

J’ai remarqué seulement que ce que la jeune femme