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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/87

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Tout cela était vrai ! Je sentais bien qu’il y avait raison et sens dans les paroles de l’honnête Saint-Jean… Je n’avais pas grand’chose à lui répondre, mais il ajouta :

– Daignez en croire ma vieille expérience ! les convenances, madame, ne vous le permettent pas.

— Ah ! encore les convenances ! Et toi aussi, Saint-Jean ?… m’écriai-je avec impatience ; mais ce sont ces abominables convenances qui ont tué cette noble Thérèse !… les convenances encore qui ont étendu sur moi leur manteau de plomb !

— Madame, répondit Saint-Jean avec une inflexion grave et triste, tout fléchit sous leur puissance : nul n’est assez fort pour les braver impunément !…

Au nom de votre propre intérêt, ajouta-t-il du ton de la prière, de celui d’une autre encore, de Marie… je vous en conjure, madame, abandonnez votre projet !

Mais, Aline, un précipice ouvert devant moi ne m’aurait pas fait renoncer à son exécution.

Le récit que je venais d’entendre avait fait résonner en moi toutes les cordes généreuses du cœur, éveillé la ferveur du beau, du bien, Serai-je donc, moi aussi, au-dessous de Thérèse et de sa fille ?… D’un côté, y aurait-il donc éternellement grandeur et noblesse, de l’autre égoïsme et insensibilité ?… Cette Marie, si simplement héroïque, je m’en enorgueillissais ! j’aurais voulu pouvoir la proclamer mienne à la face de l’univers !… Pauvre Marie ! je voulais la voir, l’aider, l’ai-