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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/88

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mer. Rien, rien au monde ne pouvait changer ma résolution : il était dix heures du soir, je ne remis qu’au lendemain à midi ma visite à Marie.



XII


L’année qui s’écoula après cet entretien occupe une place immense dans ma vie, Aline, reprit la jeune femme. Jusqu’ici elle n’avait été remplie que par les soins de ma toilette, de mes plaisirs ; je n’avais été occupée que de futilités, de frivolités ; le moment était venu où j’allais prendre ma part d’action dans le mouvement commun, faire connaissance avec les embarras, les tourments, les agitations de la vie réelle, avec ses vulgarités ; faire l’apprentissage de l’ordre, de l’économie, régler mes dépenses et calculer… m’utiliser enfin, moi jusqu’alors si inutile !

De cette époque date mon émancipation intellectuelle et matérielle aussi : j’eus des affaires, des secrets à moi… Je connus les tracas, les difficultés, les obstacles imprévus qui semblent être le cortége obligé du mystère ; les ruses, les détours, la duplicité quelque fois… qu’il faut employer pour les dérober aux regards. Et jusqu’à ce jour j’avais ignoré ces vilaines choses ! jamais encore mon front ne s’était abaissé devant l’humiliation d’un mensonge.

Les yeux fixés vers un noble but, je me suis préci-