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jusqu’à l’époque de la fièvre, qui ne fut bien sensible que 24 heures après l’accident elle continua d’être assez vive dix jours après lesquels elle se calma insensiblement. Je continuai de veiller à ce que le régime fut adapté au temps et aux circonstances.

L’appareil ne fut levé que le 4e jour. Je trouvai la playe du bas du front réunie et quoi qu’elle fut contuse en partie, elle ne présenta que quelques points de suppuration superficielle, là où les points de suture et la compression avoient exercé une action trop immédiate. L’incision faite sur le derrière de la tête étoit encore mieux consolidée, à raison de la cause mécanique qui avoit divisé les élémens des parties sans les contondre. L’extérieur de toute la boete osseus étoit dans un état favorable, partout il offroit une grande disposition à la récohésion des parties dures aux parties molles. Il s’étoit pourtant accumulé environ deux cuillerées de sang fluide et noir sous quelques plis des enveloppes du crâne résultant de leur trop grand allongement de la chute : il me fut aisé de l’évacuer par l’ouverture que j’avois ménagée au-dessous de la protubérance occipitale externe. Il n’en sortit plus dans les pansements suivans. L’agglutination stopera également bien partout et elle fut décidée avant le 21ème jour. Les points de suture ôtés le 8e paroissoient inutiles avant la levée du second appareil. Cela ne me dispensa pas de continuer ce dernier avec toutes les précautions dont j’ai parlé. Je ne le renouvellai que de 4 en 4, de 6 en 6, de 8 en 8 jours, seulement lorsqu’il paroissoit relâché.

Le blessé, dont la vie parut en danger pendant les premiers jours, fut parfaitement guéri avant la fin du mois et a continué depuis ces tems là à jouir d’une santé aussi bonne qu’auparavant.

Quelque peu partisan que je sois de la suture en général, je crois avoir à m’applaudir de l’avoir mise en usage pour les motifs que j’ai indiqués : attendu surtout que tous les moyens coopérateurs possibles ne devoient pas être omis pour opérer une réunion, sans laquelle les parties molles auroient suppuré, pendant que le crâne eut été[a 1] exposé à une altération dont l’étendue auroit fait une maladie particulière aussi embarrassante qu’elle eut été nécessairement longue à guérir.

J’imagine qu’il est des praticiens qui auroient préféré les emplâtres agglutinatives à la suture que j’ai employée ; mais sans vouloir improuver ce moyen de réunion, je dois observer que les emplâtres dont il s’agit, n’auroient guère pu s’adapter des sourcils aux paupières et auroient infailliblement molesté par leur présence

  1. Insertion de « eut été » dans l’interligne supérieur.