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pour me guider dans les expériences dont il s’agit et qu’il existe d’autres moyens qui peuvent contribuer à l’efficacité de la synthèse. Je profiterai avec reconnoissance des lumières, dont cette respectable compagnie voudra bien m’honorer et que je sollicite avec toute la confiance due à son amour pour l’humanité.


Réflexion[a 1]

Quoique le fait que je viens de mettre sous les yeux n’ait pas un rapport bien direct avec la dénudation du crâne dont j’ai précédemment parlé, il s’ensuit cependant que la compression, la chaleur et l’humidité ont concuremment favorisé le succès de la synthèse dans les deux cas rapportés. Je dois observer relativement au dernier, que l’espèce de gangrène sèche, dont le gros doigt a été affecté, a commencé par l’extrémité de cet orteil en s’avançant successivement vers l’os du métatarse, qui ne tenoit, pour ainsi dire, plus au pied. Ce dernier comme il a été remarqué ne communiquoit avec la partie coupée que par une très mince partie de peau de la plante du pied, et l’on sçait qu’elle est naturellement calleuse et conséquemment peu fournie de vaisseaux creux. La partie coupée ne pouvoit donc recevoir guère de vie communicative par cette portion de peau et je suis disposé à croire que c’étoit autant par la chaleur animale que le pied lui transmettoit, et dans lequel la partie diéresée puisoit sa nourriture par voie d’absorption et enfin par le développement des vaisseaux préexistans, lesquels en se prêtant un appui mutuel se communiquoient aussi les sucs qu’ils contenoient réciproquement. Il suffisoit ici que la déperdition que faisoit la partie coupé n’excédât point la nourriture qu’elle recevoit des parties en contact qui jouissoient de toute leur vitalité. Très peu de suc nutritif a du suffire sans doute ; mais si la chaleur diminuoit dans la partie coupée à mesure qu’elle s’éloignoit de celle qui la lui communiquoit. L’extrémité de l’orteil devoit en être privée la première, et ensuite graduellement en approchant de plus en plus de la solution de continuité. Or, c’est précisément ce qui arriva. La partie la plus éloignée, privée de chaleur, le froid dut bientôt mettre un obstacle invincible à la circulation des sucs. Ceux-ci étant congelés, les vaisseaux resserrés sur eux mêmes, toute communication se trouva interceptée entre la partie morte et celle qui jouissoit encore d’un léger reste de vie. De ce qui précède, l’on peut donc conclure que, sans la chaleur et l’humidité artificielles, la partie diéresée se seroit desséchée, flétrie et finalement tombée en

  1. a et b Titre mis en marge de droite.