auquel il dit mille outraiges, le menassant qu’il le feroit repentir du meschant tour qu’il luy avoit fait. Toutesfois, de grand menasseur, peu de fait. Car, quand il eut bien fait du mauvais, il fut contraint de s’appaiser pour une couverte de Cataloigne[1] que luy donna le sire André, à la charge, toutesfois, qu’il ne se mesleroit plus de faire les oreilles de ses enfans, et qu’il les feroit bien sans luy.
NOUVELLE X.
Un procureur en Chastellet tenoit deux ou trois clercs soubz luy, entre lesquelz y avoit un apprentis filz d’un homme assez riche de la ville mesme de Paris, lequel l’avoit baillé à ce procureur pour apprendre le stille[2]. Le jeune filz s’appelloit Fouquet, de l’age de seize à dixsept ans, qui estoit bien affaicté[3] et faisoit tousjours quelque chatonnie[4]. Or selon la coustume des maisons des procureurs, Fouquet faisoit toutes les corvées. Entre lesquelles l’une estoit qu’il ouvroit quasi tousjours la porte quand on tabutoit[5], pour congnoistre les parties que servoit son maistre, et pour sçavoir ce qu’elles demandoyent, pour le luy rapporter. Il y avoit un homme de Bagneux qui plaidoit en Chastellet, et avoit pris le maistre de Fouquet pour son procureur, lequel il venoit souvent voir, et pour mieulx estre servy, luy
- ↑ D’autres éditions ont Castaloigne, qui approche davantage de castelogne, aujourd’hui le mot d’usage. Furetière dérive ce mot de casta lama, parce que, dit-il, on les fait d’ordinaire de la toison des agneaux. D’autres, avec plus de vraisemblance, le dérivent de Catalogne, parce que ces couvertures sont venues de Catalogne et qu’elles en retiennent le nom en diverses provinces de France. (L.M.)
- ↑ Le style du Palais, la procédure.
- ↑ Ou plutôt : affecté, sournois, trompeur.
- ↑ Chatonnie se prend pour : malice, niche, tour de page, tour d’espliègle. Les chats sont malins, et, de là, chatonnie ; et, plus bas, chatterie, dans le même sens. (L.M.)
- ↑ Tabuter, c’est heurter à petits coups, c’est faire du bruit à la porte avec le heurtoir.