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  DERNIÈRES AMOURS. 131


Et serons tousjours clos si ce n’est pour pleurer.
Vous aurez pour confort la pourtraiture sainte,
Qu’amour en mon esprit viendra representer.
Au cœur tant seulement servira ceste fainte.
Mais rien sinon le vray, ne nous peut conforter.
Cherchez donques ailleurs plaisir qui vous contente,
En tant d’objets divers, si plaisans et si beaux.
Lors que nous ressayons, nostre douleur s’augmente,
Trouvans au lieu de jour de bien petits flambeaux.
Trompez-vous, et croyez de ces lumieres claires
Que c’est le beau soleil qui vous peut consoler.
On ne se trompe point en choses si contraires,
Et nous ne voyons rien qui le puisse égaler.


XLII.


Quel ciel noirci de pluye, ou quel nuage espais,.
Quel desert separé, quel antre assez sauvage,
Me recelle, inhumain, l’air de ce beau visage,
Qui pleuvoit en mon cœur tant de feux et de traits !

Qui m’as si tost changé mon repos el ma paix
En guerre et en discord, mon tans calme en orage ?
Qui de tant de fureurs a comblé mon courage !
Amour, conte-le moy. Las ! cruel, tu te tais.

Que je vous porte envie, ô bois t Ô monts ! « ) plain~ !
lié t que ne fait le ciel pour adoucir mes paines,
Que je sois parroy vous en oyseau transmué,

En arbre, en fleur, en roc, en fontaine champestre ?
Il ne m’en chaut en quoy, pourveu que je puisse estre
Pins souvent esclairé des yeux qui m’ont tué.