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  DERNIÈRES AMOURS. 140



LXVI.


Beaux yêux, par qui l’Amour entretient sa puissanoe,
Qui vous juge mortels se Vd trop abusant.
Si vous estiez mortels, vostre esclair si luisant
Ne me rendroit pas dieu par sa~ouce inRuance.

Donc vous estes divins, et tirez vostre essance
De l’éternel Amour, l’univers maitrisant.
Mais d’où vient, s’U est vray, vostre feu si cuisant~
Car ce qui vient du ciel ne peut Caire nuisance.

Voilà (’om~e P.O l’esprit dt’ vous je vay pensant.
Puis en fin je resouls que le ciel tout pUÎ8Iant
Vons a faits ainsi beau~, clairs, fiers et pitoyables,

Non pas que l’Age ingrat merite de vous voir,
liais afin de monstrer qu’il a bien le pouvoir
De fonner des soleils plus que l’autre admirables.


LXVII.


Vrais soupirs, qui sortez de la flamme cruelle
Dont mon cœur amoureux est ceint de tous costez,
Allez, et de l’os1re aie chaudement évantez
r~ beau sein où la neige en tous tans est nouvelle.

Faites par l’oslre ardeur que le froid se dégelle,
Qui nuit au doux printao8 de ses jeunes beautez,
Et puis d’on petit broi~ bassement lui contez
(~ombien de fois le jour je vais mourant pour ell~.

Vous luy direz ainsi : Nostre esprit euflalné
Sort du feu de vos yeux dans un cœur allum~ ;
JI est vostre, madame, et rien ne peut l’estaindre.

Pourtant recevez-DOUS. — Lors, entrans peu à peu,
Faites tant qu’à la fin elle brûle en son feu,
Et connoisse à l’essay si j’ay tort de me plaindre t.