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  DERNIÈRES AMOURS. 146



LXXXVIII.


Chacun nous est contraire et s’oPP05e’ nOlllre ai••
Ceux en qui jusqu’ie)’ j’avois eu plus de foy,
Maintenant sans raison se bandent contre moy,
Et taschent d’amortir nostre amoureuse braise.

L’un nous veut estonner par Ea langue mou\·ai5~,
Seme des bruits menteurs, noul menace du rol ;
….autre, ombrageux, s’offense et si ne sçail de qUO}’i
L’autre est assez contant, pourveu qu’il nous déplai~.

L’amour gist en J’esprit qu’on ne peut empe9Cher :
Il n’est huis si gardé, muraille ny rocher,
Qui de deux cœurs unis empesche l’entrevuê.

Bien que les corps soient loin, ils peuvent sans eessrr
Se voir et consoler de rame et du penser :
Le penser aux 310ans sert de langue et de vuê.


LXXXIX.


Jamais d’un si grand coup ame ne rut attainte,
Jamais cœur ne logea desespoirs si cninns.
Helas ! tourmens d’amour, que vous estes plaisans
~pres du chaud regr~t qui rait naistre ma plainte !

liais quels fen, quels flambeaux, quelle injuste contraintp,
Quels destins conjuré, quelle course des ans,
Quel Curieux effort, quels propos médisnns
Mt- pourroient separer de voslre amitié sainte !

~ ce malh~ur cruel bien-heureux j’eusse esté,
Si de nuire à moy seul il se Cust contenté i
. liais il touche à ma dame, ha t je lneurs quand j’, pensp !

ovènimeux rapports 1 ô cœurs nlalicieux !
Je dira" si bien-tost je n’en voy la vengeance,
Qu’il n’y a dans le ciel ny justice ny dieux.