Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) III - Cleonice. Dernières Amours.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
  CLEONICE,  



XC.


Qu’on m’arrache le cœur, qu’on me fasse endurer
Le feu, le fer, la rouë et tout autre supplice,
Que rire des tyrans dessus moy s’assouvisse,
Je pourray tout souffrir sans remir ny pleurpr ;

liais qu’on vueille en,·jvant de moy me separer,
)l’aster ma pl’opre Corme, et par tant d’injustice
Vouloir qu~ sans rnourir de vous je me bannissp,
On ne sçauroit, madame, il ne faut l’esperer.

, En despit des jaloux par tout je veux vous suivre ~
S’ils macbinent ma mOI’t, je suy si las de vivn’,
Qu’aulre hien desormais n’est de moy 8Oubaillo.

Je beniray la main qui sera ma meurtrip)"p,
Et l’heure de ma fin sera l’heure premiere
Que de quelque rp.pos çà bas j’auray gouslé.


XCI.


J’attends en transissant ee qui doit advenir
D’une secrette trame, à mon dam commen~,
Pour voir’ me resoudre, et par force forçée
Une amour infinie en moy faire finir.

Mais pourra-t-elle bien pcrdre le souvenir
De la fiarome autresfois si vive en sa ~nsép.,
De sa foy, de sa dextre en la mienne enlacée !
(’a\e crainte en mon crenr ne se peut maintp.ntr.

NOll, il n’en sera rien : une recherche telle
~ervira de trophée i son ame fldelle,
Qu’honneurs, thresors, grandeurs, ne pourront ~smon’·oir.

Ab ! pourquoy ce penser SI soudain J.rend-i1 t.e~s~,
Cedant à la frayeur qui derechefme presse,
Et me fait tout al clair mes miseres prévoir ?