Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) III - Cleonice. Dernières Amours.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Que si ces Oeurs d’espoir’ne poussent point en vain,
Mes vers ne tiendront rien d’un mortel escrivain.
Seconde seulement. le dessein que j’embrasse,
Aidant de ta faveur le vol de mon audace ;
Je monteray si haut sur l’aisle de ma Coy,
Que les plus baul-volans se verront dessous mOJ.

Ainsi. plein de l’ardeur qui boüilloit en mon amer
Un jour. en me.antant, je disois ama dame.
A la rare beauté dont esclave ~ suis,
Et pour qui, tout osant, l’impôssible je puis.

Mais, madame, i ce coup je dédis ma promes.y,
Je ne chanteray plus ; non, l : ’lJ"e. je confesse
Que je n’ay plus de cœur, ny d’esprit, ny de v~ix ;
lion audace premiere est morte a cesle fois.
ces beaux Inois amoureux, ces traits inimitables.
Qui l1echiroienll’acier des cœurs plus indontables,
Et qui melme pourroieot les rochers allumer,
)l’ont du tout ravy l’ame au lieu de m’animer.

Ils m’ont fait eux et toy sentir nleSIDe dOlnmage :
Tu m’as o~lé le cœur, ils m’ostent le courage,
Non celuy qui m’ennarnlne à servir tes beaux yeux,
liais celuy qui vouloit pousser too nom aux cieux.
Pourquoy ? ce diras-tu. Pour ce que tant de gloire
Fait b.·üire leur loüange au temple de memoire.
Que qui, presomptueux, les espere imiter,
Ressemble a~almonée imitant Jupiter.

Ainsi troublé de honte & de regret & d’ire
Rompit son flageolet l’audacieux satyre,
Apres qu’il eus ouy sur les tapis herbus
Des prez Arcadiens la lyre de Phoebus.