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  D’HIPPOLYTE. 78


Craignez donc seulement qu'en voyant vostre image,
Vous ne puissiez souffrir tant d'amours et d'attraits,
Et De raciez, vaincuë, à vous mesmeti bommllge.


STANSES


Lors que j'escry ces vers, il ne faut que l'on pense,
Que trop audacieux je n'aye connoissance,
Du rang que voua tenez et de ma qualité:
Car je jure vos yeux et leur puissance sainte
Que je garde en cecy le respect et la crainte,
Dont il Caut reverer une divinité.

Aussi tant de vertus l'OUI Cont toute divine,
Et 'VOl douces heautez mODstrent bien l'origine
Que vous avez du ciel tout parfait et tout beau:
Vous n'avez rien d'humain, vostre grace est celeste,
Vos discours, vostre teint, vostre ris, vostre geste,
Et l'Amour sans vos yeux n'auroit point de Oambeau.

J'en parle asseurement : car je connoy sa nune,
Qui lOuloit prendre vie aux beaux yeux d'une dame,
Et qu'il me fist sentir lor3 que j'en Cu surpris:
Las! or' à mon malheur je ray mieux reconnuë,
Regardant Colement les traits- de votre veuë,
Qui m'ont bi~n sçeu punir d'avoir trop entrepris.

Or ne m'accusez point que je sois temeraire,
Presumant vous aimer : car je ne sçauroy faire
Qu'ailleurs tourne mon coeur, qui vous est destiné;
Et, quand ee seroit Caute aux mortels d'entreprendre
D'aimer une deesse, on ne m'en peut reprendre:
Le peché fait par Coree est toujours pardonné.