Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/12

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  AMOURS  


Las Ion peut bien juger que c'est une contrainte,
Veu qu'au plus fort du lnal dont mon ame est attainte,
Je ne me puis garder de vous suivre en tous lieux,
Et que, trouvant ma mort peinte en vostre visage,
lion triste desespoir, ma perte et mon dommage,
Pour n'y connoiltre rien, je me fenne les yeux.

J'ay fait un fort rempart d'amour et de constance
Contre le dez;espoir armé de violance,
Oui me fait mille assauts et ne me peut foreer :
Quelquefois de furie il fait breche en mon ame;
liais presqu'au mesme instant vostre beauté, madame,
Accourant au secours, l'engarde de passer.

Je voudro)" bien pourtant qu'il demeurast le maistref
11 combat mon sal8t, que je ne veux connoistre.
)Jais, las t je me repen de l'avoir desiré;
Car, bien que ma doultmr mortellement me blesse,
El que ·de mieux avoir je sois des~speré,
J'aiJne mieux vivre ainsi qu'en toute autre liesse.


ELEGIE.


Je delibere en vain d'une chose advenuê,
Car, puis qu'outre mon gré Inon ame est devenuë
Prisonniere d'Amour" que sert de consulter
S'il est bon de le suivre, ou s'il faut l'éviter!
L'advis n'y vaut plus rifn, monstrons donc de nous plaire
.~u chemin qu'aussi bien par contrainte il faut faire,
Et courons la fortune. 0 Amour t desonDais
Mon repos et ma vie en tes mâins je remets.