Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/14

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  AMOURS  


Ou, si je le connois, il me trouble si fort,
Que je suis le premier qui consens aloa mort.

Appelle qui voudra Phaéton Miserable
D'avoir trop entrepris, je l'estiIne loüable;
Car au moins il est cheut un haut fait poursuivant,
Et par son trespas Mesme il s'est rendu vivant:
J'aimero)' Inieux courir ama mort asseurép,
Poursuivant courageux une chose honorée,
Que lasche et bas de coeur mille biens recevoir
De ceux que le commun aisément peut avoir.
lion esprit, nay du ciel, au ciel tousjours aspirr,
EL ce que chacun craint, c'est ce que je desire;

L'honneur suit les hazars, et l'homme audacieux
Par son malheur s'honore et se rend glorieux.
Le jeune enfant Icare en sert de temoignage..
Car, si volant au ciel il perdit son plumage,
Touché des chauds rayons du celeste flambeau,
Le fameux ocean luy se"it de tombeau,
Et depuis de son nom cette mer fut nOJnmée :

Bien-heureux le malheur qui croist la renomm~.
Desja d'un sort pareil je me sens menacer,
lIoy qui devers le ciel mon vol ose dresser
(Voyage audacieux!); mais rien ne me retire,
Car les ailes dtAmour ne sont faites de cire,
I,e plus ardant soleil si tost ne les fondra :
Puis j'ay ce reconfort, quand ma cheute adviendra,
Que ceux qui sçauront bien où je voulois attaindre
Envieront mon trespas plustost que de me plaindre.