Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/20

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  AMOURS  


Mais ce nouveau soleil me cuit plus vivemeut,
Quand Join df! ses rayons je llngny solitaire.

Je l'accuse, Nature, et me plains justelDent;
(:al" puis qu'il me devoit porter tant de nuiBaIlCt",
.'ttizant en mon coeur un feu si vebement,
Que Il'as-tu pour mon bien retardé sa naiSNllce!

Toutest'ois si nostre âge, heureux par sa prE'.senCf',
~e pouvoit sans mon mal voir ses yeux clairement,
Je IJren tout consolé ma mort en patience:
4}ui meurt pour le public meurt honorablement 1.


XX.


Quand quelquf'Srois je pense à Ina premier(~ \tit',
1)11 tan8 que je vivois seul roy de mon desir,
Et que mon ame libre errait à son plaisir,
.'ranche d'espoir, de crainte et d'anlOl1reuse ell\'ie.

Je verse de mes yeux une 8ngoisseuse pluye,
El sens qu'un fier regret mon esprit vient saisir,
lIaudissant le destin qui m'a fait vous choisir,
Pour rendre iII tant d'ennuis ma pauvre ame asservie.

Si je If, si j'escry, si je parle ou me tais,
Vostre oeil me fait la guerre et ne sens point de paix,
(~Olnbatu sans cesser de sa rigueur extrême.

Bref, je vous aime tant que je ne m'aime pas,
De moy-mesme adversaire, ou si je m'aime, hélas!
Je ln'aime seulement pour ce qne je vous aimf'.