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  D’HIPPOLYTE. 91
ELEGIE.


Jamais foible vaisseau, deçà, dei' porté, rar les fiers aquilons ne Cut tant agité
l.'hyver en plaine mer, que ma vague pensée
Est des flots amoureux haut et bas élancée.

AillSi qu'un patient, dont l'esprit est troublé
Par l'etrort rigoureux d'un accez redoublé,
Flotte en songes divers; l'humeur qui le tourmente
Fait cbanceler son ame, et la rend inconstante;
Un debat apres l'autre en l'esprit lui revient.
Ainsi je rêve, llelas' quand ma flévre me tient,
Chaude ftéwe d'Amour inhumaine et contraire.
Dont je ne veux guarir quand je le pourroy faire.

J'erre éga~ d'esprit, furieux, inconstant,
Et ce qui plus me plaist me desplaist è l'instant j
J'ay froid, je suis en feu, je m'asseure et défie,
8a~ yeux je voy ma perte, et sans langue je crie,
Je demande secours, et m'élance au tresp8s;
O.'· je suis plein d'amour, et or' je n'aime pas,
Et couve en m0!1 esprit un discord tant extrêmfl,
'lu'aimant je me veux loal de ce que je "ous aimfl.

JI faut, en m'efforçant, cette pointe arracher
Qu'Alnour dedans mon coeur a sçeu si bien cachet';
Esteignons toute ardeur en nostre ame allum~,
... t n'attendons pas tant qu'eUe en soit consumée.

Desjé je connoy bien que je sers vainement,
C'f'St de ma guarisoo un grand com~ncement;
liais las 1 qu'en foible endroit j'assié mon esperaoce !
Aux extrêmes perils ~u ~rt la connoissance.