Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/38

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  AMOURS  


Si je connoy mon mal je n'en pers la dOIlIt'ur;
f.oonoistre et ne pouvoir, c'est un double nlalheUl·.
J'embrase ma fureur, la pensant rendre étaint~,
Et "oulant n'aimer plus, j'aime, helas! par contrainte;
liais, si je pers mon tans sous l'amoul'euse lo!,
Quel autre des humains remploye loieux que moy'

L'on. qui le dieu lIars aura rame enRamlnée,
Accourcissant sa vie, accroist sa renommée;
L'autre moins courageux, d'avarice incité,
Cherche aux ondes sa mort, fuyant la pauvreté;
L'autre en la cour des roys brtllé de convoitise.
Pour un espoir venteux engage sa franchise;
L'autre fend ses guerets par les coultres trencbans,
Et n'estend ses desin plus avant que ses champs.
Bref, chacun se travaille, et nostre vie bumaine
~"est que l'ombre d'un songe et qu'une fable vaine.

Je suis donc bien-beureux d'avoir sçeu mieux cboisiJ',
Sans loger icy bas mon celeste desir :
Un puissant dieu m'arreste et, pour gloire plus grande,
Il me met sous le joug d'une qui luy commande:
~acbant ne pouvoir rendre autrement captivé
lion esprit, qui tousjours au ciel s'est élevé.

L'aigle, courrier du Coudre et ministre fldelle
Du tonnant Jupiter, roy des oyseaux s'appelle,
Pource que sans fléchir il soustient de se. yeux
Les 'traits ébloüissants du soleil radieu~,
Et que d'ODe aile ,roule, au lrayail continuë,
S'é)el'ut sur tout autre il le perd dans la nuë.

Moy done, qui dresse au ciel mon ~ol ayantureox,
Doy-je pu me lIOIDJIieI' l'aiaie des amoureux!