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  D’HIPPOLYTE. 106



LXX.


Soucy chaud et glacé, que la crainte a fait naistre,
Et qui, craignant plus fort, devient plus violant,
Et pendant que la flamme et le gel va meslant,
Troubles, pers et détruis tout ce qu'amour rait croistre:

Puis qu'en si peu de tans tu t'es rendu mon mafstre,
De cent chaudes fureurs mon esprit martelant,
Va, retourne au Cocyte et me laisse dolant,
Comme un tigre enragé de ma chair me repaistre.

Sur léS glaces d'enfer passe, entre mille ennuis,
Sans lumiere tes joars et sans sommeil tes nuits,
Non moins troublé du faux que des seures nouvelles.

Va t'en: tout ton venin est entré dedans moy.
Je n'ay point d'autre sang; helas 1doncque pourquoy
Me vien.tu retroubler par ces larmes cruelles?


LXXI.


Espouvantable nuïct, qui tes cheveux noircis
Couvres du voile obscur des tenebres humides,
Et, des antres sortant, par tes couleurs livide..,
De ce grand univers les beautez obscurcis;

Las 1si tous les travaux par toy sont adoucis
Au ciel, en terre, en l'air, sous les marbres liquides,
Or' que dedans ton char le Silence tl1 guides,
Un de tes cours entiers enchante mes soucis.

Je diray que tu es du ciel la fille aisnée,
Que d'astres flamboyans ta teste est couronnée,
Que tu caches au sein les plaisirs gracieux;

Des amours et des jeux la ministre fldelle,
Des mortels le repos: bref, tu seras si belle,
Qne les plus lufsans jours en seront envieux t.