Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/68

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  AMOURS  



LXXII.


Quand je voy flamboyer cette heureuse planetltt,
De notre Age imparfait l'admirable ornement;
Bien gue mon coeur d'ailleurs n'attende allegement,
Si faut-il que de crainte' trembler je me mette.

Car ainsi comme on voit la fatale cornete,
Flambante en longs cheveu, n'apparoir nullement
SilDS la mort d'un monarque, on sans un changement,
Quand quelque seigneurie est pres d'estre sujette.

De meune, helas! je crain que ce divin flambeau
De ma foible raison presage le tombeau,
Ou qu'au moins je verray ma liberté restraindre.

J'ay peur qu'en pire estat on me rasse changer.
Mais, Ô moy desolél j'en suis hors du danger.
J'ay tant -et tant de maux, que plus je ne doy craindre.


LXXIII.


Comme quand il advient qu'une place est forcée
Par un cruel assaut du soldat furieu,
Tout est mis au pillage, on voit en mille lieux
Feux sur feux allumez, mort sur mort amassee :

Mais si ne peut sa gloire estre tant rabaissée,
Qu'un arc, une colonne, un portail glorieux
N'escbappent la Cureur du feu ,·ietorieux,
Et ne restent entiers quand la flamme est passée.

Ainsi durant les maul: que j'ay tant supportez,
Ala honte d'Amour et de vos eruautez,
Depuis que par ~os yeux mon ame est retenuè ;

En dépit du malheur contre moy conjuré,
lion coeur inviolable est toujours demeuré,
Et ma foy jusqu'jey ferme s'est maintenuë.