Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/70

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  AMOURS  



LXXVI.


Si le pasteur de Troye, éleu divinement
Pour juger des beautez de trois grandes deesses,
Desdaigna les grandeurs, la gloire et les richesses,
Pour la grecque beauté, prix de son jugement;

J'en eusse fait autant: il fist fort sagement.
Car aupras de vos yeux pleins de douces richesses,
Quels thresors, quels honneurs, triomphes et haut~s
Poufl'oientmouvoirmon coeur, si ferme en vous aimanlt

Puis qu'estre pris de vous apporte tant de gloire,
Quel trophée assez digne orneroit la victoire
Du coeur qui, bien aimant, vous pourroit conquerir!

oseul but de mes voeux! ô bien que je n'espere 1
Vor et les vains honneurs soient cherchez du vulgaire;
Rien ne me plaist que vous, pour vous je VE'UX mourir.


LXXVII.


Rendez-vous plus cruels, beaux yeux qui me btessP!:
CP. trait doux et piteux m'emppisonne et me tuë.
Ah 1non, durez ainsi: mon ame est combatuë
Ile trop de desespoirs, vous voyant courroucez.

Temperez seulement ces rayons élancez,
Trop clairs et trop al'dans, qui m'offusquent la vut:;
liais ne les bai~ez pas: car mon mal continuê
Et mon espoir deCaut, quand vous les abaissez.

Doux,cruE'ls, humbl~.s, fiers, gais pt tremppz de lannes,
Amour pour ma douleur trouve en 'Yous assez d'armes,
D'agréables langueurs, et de plaisans trespas.

Bref, toutes vos façons, beaux yeux, m'oslent la vie.
Hé donc pour mon salut, cachez vous, je vous prie!
Non, ne vous cachez point, mais ne me tuez pas.