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  D’HIPPOLYTE. 107



LXXIIII.


Celle qui de mon mal ne prend point de soucy,
ComPle si de ses yeux il n'avoit sa naissance,
Se rit de mes douleurs, si t05t que je commance
Ame plaindre, en pleurant, de son coeur endurey.

J'ay beau m'humilier et luy crier mercy,
Mercy de l'aimer trop (car c'est ma seule oll'ense),
Elle en est plus rebelle, et se plaist que je pense
Ou'un courage si fier ne peut estre adoucy.

Ce n'est pas toutesfois ce qui plus me tourmente,
Car sa rigueur m'est douce et mon mal me contente, ·
Voyant m(',s beaux vainqueurs, ses yeux que j'aime tant.

Je me plains seulement de voir que la cruelle
Ne croit pas que je l'aime et m'appelle inconstant,
Ou dit que mes ennuis viennent d'autres que d'elle.


LXXV.


Sommeil, paisible fils de la nuict solitaire,
Pere-aime, nounicier de tous les animaux,
Enchanteur gracieux, doux oubly de nos maux,
Et des esprits blessez l'appareil salutaire;

Dieu Cavorable atous, pourquoy 'o'es-tu contraire!
Pourquoy sui.je tout seul recbargé de travaux,
Or' que l'humide nuicl guide ses noirs chevaux,
Et que chacun jouyst de ta grace ordinaire!

Ton silence où est-il? ton repos et ta paix,
El ces songes vollans comme un nuage espais,
Qui des ondes d'oubly yont lavant nos pensées?

Ô frere de la mort, que tu m'es ennemy 1
Je t'in'oque !u secours, mais tu f'S endormy,
Et j'ards, toujours veillant, en: tes ~reurs glacées.