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  LIVRE II. 55


El soulage nos maux par des liesses vaines,
Mais cette autre fureur nous presse incessamment.

Las! quand quelque faveur en aimant me contente,
C'est quand la jalousie en mon esprit s'augmente,
Tous les plaisirs d'amour viennent pour ma douleur:
Quand je dOJ m"égayer, je renforce ma plainte;
Quand je dOl m'asseurer, je soupire de crainttt,
Et fay lire mon mal sur ma palle couleur.

En vain je veux flechir par pleurs cette furie,
En YIÎD ressaye aUDi, quelque part que je fnie,
Ame garantir d'elle, elle conte mes pas.
En vain, j'a, mon recours aux fortes Medecines,
Ce mal ne se guarisl par jus ni par racines :
Ains BOUS fait sans mourir souffrir mille trespas.

Amour, tu es aveugle et d'esprit et de veulâ,
De ne voir pas comment ta force diminuè :
Ton empire se perd, tu revoltes les tiens,
Faute de ne chasser une infemale peste,
Qui tait que tout le monde à bon droit te deteste,
Pour ne pouvoir jouyr seurement de tes biens.

C'est de ton doux repos la mortelle eODemw-,
C'est une mort cruelle au milieu de la vie,
C'est un hyver qui dure en la verde saison,
C'est durant ton printans une bize bien rorte,
Qui fait secher tes fleurs, qui tes fueilles emporte,
Et parmy tes douceurs une amere poison.

Car, bien que quelque peine en aimant nous tounnenl~,
Si n'est-il rien si doux, ny qui plus nous contente,
Que de boire à longs traits le broyage amoureux:
Les retus, les travaux, et toute autre amertume