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  LIVRE II. 60



XLII.


Aimons- nous, ma deesse, et monstrons à l'épreu,t
Ou'une si belle ardeur ne se peut allumer;
Nostre amour s'en fera d'autant plus estimer,
Qu'en ce tans la constance en peu d'amans se treuve.

Bien que le ciel, l'envie et la fortune pleuve
~ur nOU8 tout ce qu'ils ont d'angoisseux et d'amer,
Jamais ils ne pourront nos coeurs desenOamer;
Le tans Mesme, en passant, rendra nostre alDour neuve,

Lisant en vostre coeur, j'y verray mon vouloir;
Ce sera mesme ennuy qui nous fera douloir,
Et ne garderons rien que nous nous voulions taire.

Nous n'aurons en deux corps qu'un esprit seulelnenl;
Car l'amour si commune est comme un· diamant ,
Qui demeure sans prix ès mains du populaire.


STANSES.


Lors qu'un de vos rayons doucement me blessa,
Et que mon ame libre en prison fut reduite,
Mon coeur, ravi d'amour, aussi-tost me laissa,
Et sans autre conseil se mit à vostre suite;
Mais, comme un voyageur qui s'arreste pour voir
S'il trouve en son chemin quelque chose nouvelle,
Alofs qu'il veit vos yeux, de passer n'eut pouvoir,
Et demeura surpris d'une clarté si belle.

Puis il reprend courage et s'asseure à la fin,
Desireux d'achever l'entreprise premiere.
Soit qu'Amour le guidast, ou son heureux destin,