Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/144

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  DIANE,  


Trempe au fleuve d'oubly bien avant ton rameau,
Et distile en mes yeux cette liqueur aimée.

De grace, hé! que je dorme, et que les tronblpmens
Qui font de mon esprit une mer irritée,
Ile donnent quelque trêve; ainsi ta Pasithée
Paye cette faveur de mille embrassemens.

Heureux loirs, qui dormez la moitié de l'année,
I.as! qu'un somme aussi fort ne me peut-il tenir~
Mais, pour plus grand repos et pour mon mal finir,
Soient mes yeux pour jamais clos de la destinée.


L.


J'estoy sans connoissance cstendu dans ma couche,
Sans pouls, tousjours rêvant, mortellement attaint;
llea yeux estoient cavez, de mort estoit mon teint,
El mon corps tout courbé comme une vieille souche.

La fievre avoit cueilly les roses de ma bouche,
Et palli Je vermeil sur mon visage p~int.
.. amis desolez hautement m'avoient pleint,
Ile ,oyant si dehile et mon oeil si farouche.

Dorant que je monrois, le rigoureux Amour,
Collé sur mon chevet, sans repos nuit et jour,
Ile sOufdoit â l'oreille et redoubloit ma ftame.

• Las! Amour, laisse moy mourir plus do.cement.
- Je le veux bien, dit-il i mais fa! ton testament,
Et dy qu'apres ta mort tu me laisses ton ame.