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Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) I - Diane. Premières Amours.djvu/85

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  LIVRE I. 34


Celui qui tout ravi contemple incessalnenl
Ln 1'0}'Ile de son coeur, que le ciel a fait telle,
Qu'il y trouve tousjours quelque beauté nouvelle,
N'esthné rien plus doux que l'estat d'un amant.

Mais, quand il voit apres que la belle se prise,
Ou qu'elle est fantastique et se plaist à changer,
Il maudit la fureur qui le fait enrager,
Et nomme bien-beureux qui garde sa rranchise.

Si est-ce un grand plaisir. après un long tourment,
D'ildoucir à la fin la riiUeW' de sa dame,
Baiser son Cront, sa bouche cl ses Jeux pleins de Ualue;
~on, il n'est rien si doux que l'estat d'un amant.

Mais SI, dur~nt le tans qu'elle nous favorise, .
Un rigoureux d('part nous force à la laisser,
Quelle extrême douleur peut la nostre passer?
II est donc bien-heureux, qui garde sa franchi~.

Encor on se contente en cet esloignement,
Car l'esprit s'ontretient de douces souvenances,
On pense à la revoir, on se paist d'esperanc~s :
11 n'est donc rien si doux que l'estat d'un amant.

Mais apres le retour trouver sa place prise,
Luy ,-oir le coeur changé, n'estre plus l't'connu,
Et se voir delaissé pour un nouveau venu:
Est-il pas plus heureux qui garde sa franchise!

Vous qui goustez d'amour le doux contentement,
Chantez qu'il n'est rien tel que l'estat d'un amant;
Vous qui la liberté pour deesse avez prise,
Chantez qu'il n'('st rien tel que garder sa franchise.