Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/102

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se déprenant prestement de ses embûches et refusait de s’engager. Il lui disait :

— Marguerite, pourquoi ne pas me dire immédiatement si vous m’aimez ou si vous ne m’aimez pas ? J’implore depuis si longtemps une réponse définitive.

— Je vous reçois bien, répondait-elle.

— Vous savez bien que ce n’est pas le mot que je désire.

Elle donnait ainsi une réponse évasive ou restait muette. L’amour de Paul devenait alors mélancolique, inquiet et tourmenté. Le doute restait toujours permis avec une échappée sur l’espérance.

Il ne songeait pas à s’avouer l’impuissance de sa volonté. Un peu plus d’efforts, croyait-il, et demain il serait maître des positions. Il redoublait alors d’attention et de prévenances. Il évitait les jeunes filles qu’il avait autrefois connues, pour lui prouver combien tout entier il était à elle. Il lui imposait sa présence et se tenait à l’affût pour l’aborder au hasard de ses courses. Il était toujours prêt à accepter son avis, à l’approuver avant qu’elle ait parlé, il ne discutait pas ses idées mais renchérissait aussitôt dans leur sens.

La crise éclata un après-midi d’hiver. Le