Aller au contenu

Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

temps était humide et sombre. Un brouillard froid saturait l’atmosphère. De rares passants glissaient dans la rue pendant que les cloches des vêpres sonnaient comme des glas.

Paul avait rendu visite à Marguerite au début de l’après-midi, puis une affaire pressante l’avait obligé à partir. Elle avait été froide, presque hostile. Son dédain s’était manifesté plus ouvertement.

Et maintenant Paul rentrait chez lui. Il rencontra un ami. Celui-ci le prit sous le bras et après quelques phrases banales lui raconta toute une histoire. Il avait vu Marguerite une heure auparavant à peine. Elle avait insisté pour qu’il entrât chez elle. Elle l’avait invité à plusieurs reprises et lui avait donné de fortes preuves d’intérêt.

Paul décida de ne plus la voir. Les jours suivants lui apportèrent le repos. Il n’avait plus d’inquiétude ou de tourment. Il était heureux du calme qui régnait au-dedans de lui-même, de la délivrance des doutes, des colères et des jalousies.

Il l’aperçut de loin, un soir, et la tristesse lui monta subitement au cœur. Il avait l’hallucination de sa personne. Il revoyait ses mains, ou ses yeux, ou sa figure comme si elle eût été là, devant lui. Certain que sa