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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/107

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longtemps aimée ? Paul était décidé à ne plus se laisser reprendre et le lui dit. Il ne voulait pas retomber dans les tortures passées. Ils correspondirent à intervalles éloignés. Chacun dévorait les lettres de l’autre. Le passé attirait Paul invinciblement. Il y pensait souvent, il s’oubliait dans de longues rêveries à ressusciter les expressions de l’absente et ses gestes, à revivre toutes les scènes du passé.

Puis un jour elle lui annonça qu’elle se mariait. Leur amitié se dénoua sans récrimination et sans amertume. Mais une mélancolie passagère l’accabla pendant quelques jours, comme s’il eût souffert d’une déception.

Et maintenant il se demande quel diplomate a su verser à Marguerite juste assez d’amour pour ne pas l’assouvir, juste assez de témoignages d’amour pour l’aguicher, l’exciter, lui en faire espérer plus, désirer plus, sans jamais la contenter pleinement… et ainsi la retenir.