Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/106

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présenterait plus. Il croyait qu’elle changerait d’avis au dernier moment, sous l’effet de cette menace, mais elle en prit facilement son parti.

— Mais je ne vous retiens pas, mon cher ami, lui répondit-elle avec humeur.

Paul fut stupéfait et déconcerté. Cette nouvelle séparation le bouleversa parce que son amour était plus grand qu’autrefois. Il en demeurait inconsolable.

Plus tard il fut obligé de quitter définitivement la ville. Il passa les derniers soirs enfermés chez lui. Marguerite fit de nombreuses démarches pour le rencontrer par hasard, mais ne le put pas.

Paul vivait au loin depuis un an. La vie l’avait entraîné à d’autres préoccupations, elle avait calmé sa tristesse. Il pensait quelquefois à Marguerite, mais pour tenter de découvrir après coup l’énigme de son caractère et de connaître la raison pour laquelle il n’avait pas su se faire aimer. À propos de rien il reçut d’elle un portrait qu’il lui avait vainement demandé. Elle avait inscrit son nom au verso et c’était tout. Était-ce une offre de recommencement, une marque délicate de repentir pour l’avoir traité durement, un souvenir pour le récompenser de l’avoir si