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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/123

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Les crépuscules avaient une splendeur morne. Et tous les jeux de la lumière dans les brumes ou les brouillards qui montent du sol, toutes les colorations du soleil dans les nuages se déployaient en liberté.

Et c’est là que Jean Desbois rencontra Gabrielle. Elle était en vacances pour plusieurs semaines. Ils se plurent très vite ayant seuls de la culture, de l’enseignement et du raffinement dans un milieu honnête et bon mais peu développé. Après un certain laps de temps, ils se promenaient ensemble en vue de la tourbière qui s’étalait à leurs pieds. Jean sortait peu à peu de sa vie trop passive ; il commençait à s’animer, à faire des rêves de travail et d’avenir. Un but se dessinait à présent devant lui. Un aiguillon l’excitait, il se réveillait comme d’un long sommeil. Ses lettres de ce temps-là avaient quelque chose d’agité, de trépidant et de fébrile. Il me faisait même part de certains projets. Ces symptômes étaient bons. Je croyais qu’avec un appui moral il pourrait progressivement sortir de sa léthargie.

Jean Desbois aimait selon sa nature, comme tous les hommes. Il préférait la solitude à deux, les conversations lentes et calmes, la tranquillité des promenades et des tête-à-tête.