Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/127

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inspira plus qu’une mélancolie âcre et des rêveries désolées. Dans sa solitude et son inaction sa détresse s’amplifiait ainsi que l’écho dans une caverne souterraine immense. Il ne pleurait pas et ses larmes coulaient en lui-même pour lui saturer le cœur.

Son visage se figea dans une impassibilité morne. Il n’eut plus d’autre expression que celle de l’abattement. On aurait dit Jean devenu insensible au verbe ; les mots qu’on lui disait et ceux qui passaient ses lèvres ne déterminaient plus un changement de ses traits. La vie de sa face était morte, et j’avais l’impression d’écouter un fantôme, comme un deuxième individu caché en lui. Et sa sensibilité, de même, ne vibrait plus à toute une catégorie de sentiments, à des sensations qui remuent et agitent d’autres hommes. Bientôt, il se trompa dans ses calculs.

Et plein de répugnance, de douleur et d’effroi je vis la folie étreindre son âme et son intelligence et les tuer.