Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/132

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les murs, d’où les premiers ministres passés peuvent surveiller le travail de leurs successeurs.

La séance se prolonge indûment. Le cabinet veut en finir avant les longues séances de l’été. Les délibérations sont animées. Quelques-uns argumentent avec chaleur tandis que d’autres ne cherchent qu’à placer un bon mot, une plaisanterie. Un peu de gaieté flotte dans l’air. Et de temps en temps la voix pleine et barytonnante du premier ministre expose, conclut, approuve, explique, objecte ou résume. Sa supériorité se marque immédiatement dans son aptitude à trouver la solution pratique, à démêler un écheveau compliqué, à souligner le point important et à reconnaître le chimérique des projets. Voici maintenant qu’il parle :

— Nous ne pouvons pas accorder ce contrat à la Compagnie Laurentienne de pulpe. Il lui fait de trop importantes concessions aux dépens de la province. L’opposition s’en servirait comme d’un prétexte à recommencer contre nous sa campagne et notre position est assez compromise sans l’empirer encore. Le prix offert est d’ailleurs dérisoire.

— C’est non alors que j’aurai à répondre aux actionnaires ?