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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/141

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mais au cours de son travail avec Jean Dorion il a pressenti obscurément et deviné un égal. Il a constaté qu’il n’avait plus sa sûreté habituelle, que la force de l’autre balançait la sienne, que ses idées et ses vues de gouvernement n’étaient pas toujours les mieux conçues et qu’à certains jours, ses opinions étaient justement contestées. Le choc était amorti et comme feutré par la coopération. Mais Pierre Langelier avait été surpris, la chose ne lui était jamais arrivée auparavant. Après avoir senti la résistance de Jean Dorion, il l’avait étudié lentement, avec prudence, sans pouvoir cependant discerner sa puissance réelle ou des défauts dans sa cuirasse. Son épée rencontrait toujours une épée maniée avec une vigueur dangereuse : le duelliste sans cesse victorieux rencontrait à présent un adversaire redoutable. Aussi la pensée d’un combat final, ouvert et décisif hantait-elle très souvent son cerveau. Et la certitude du triomphe n’excitait pas son esprit.

***

Ce matin-là, à peine le premier ministre vient-il de s’asseoir à son bureau et de commencer à dicter la réponse aux lettres du cour-