Aller au contenu

Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il n’en était pas la victime. Il ne les avait même pas remarquées. Il en est tout déprimé. Le pouvoir paraît lui tomber des mains comme si elles avaient perdu toute leur force. Il sait combien l’autorité est chose aléatoire ; comment elle réside peu dans les personnes comme une faculté ou un talent, mais dépend plutôt de l’agencement des circonstances. Que cet agencement se défasse et l’homme tombe d’une chute rapide et subite.

Le temps passe. L’ardeur du soleil diminue au dehors, et déjà se fait sentir cette fraîcheur calme des soirs d’été lorsque le soleil, au bord de l’horizon, est sans chaleur, qu’il n’y a pas de brises dans l’air et que les moindres bruits se répercutent avec sonorité.

Un camelot apporte les journaux dans le bureau assombri. Pierre Langelier les feuillette distraitement, renversé dans son fauteuil, en fumant un cigare. Il s’arrête soudain et regarde le nom de la feuille qu’il tient. C’est bien le Spectateur ! Et ce journal qui a toujours défendu ses actes, pris sa part dans les luttes électorales contient, ce soir un article contre lui. Il demande un homme plus jeune, plus ferme et plus énergique à la tête de l’administration. Il dit que la politique vacillante du ministère décourage l’agri-