Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/152

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culture et l’industrie, que le mécontentement règne dans les rangs et que, sans un changement de chef, la défaite du parti au pouvoir est probable.

C’est l’attaque en plein jour cette fois. Le débat est porté devant le public. Les ministres et les députés vont aller aux informations, devenir prudents et se tenir dans l’expectative. Et lui, il perd, du même coup, l’avantage de l’offensive et le bénéfice d’expliquer les choses à sa manière. Il ne pourra brusquement soulever l’enthousiasme des âmes qui ne se défient point.

Pierre Langelier s’achemine lentement vers sa maison. L’huissier de service braque sur lui, en passant, un regard interrogateur et curieux. Dans la rue il n’y a que de rares passants. C’est l’heure du soir où tout se tait avant les agitations et les féeries de la nuit. Sa femme l’attend pour le dîner. Il prend son repas en silence, préoccupé. Puis il se retire dans son fumoir-bibliothèque, vaste pièce bien éclairée, aménagée pour le confort et le travail. Il fait défendre sa porte contre l’intrusion des journalistes. Au moment même où il va se replonger dans ses méditations laborieuses et misérables un