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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/156

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bles de se retrouver dans les dédales de leurs marches. C’est l’argent, la grande force du monde qu’ils veulent, c’est l’argent, non pas à petites doses, acquis honnêtement, peu à peu, mais l’argent à millions, par les grosses affaires véreuses, les dividendes de cinquante pour cent, les agiotages qui élèvent en un jour des fortunes monstrueuses.

Et si nous osons leur refuser quelque chose, ils passent à des maîtres moins sévères et nous écartent. Que veux-tu ? ils tiennent tout, tout, les journaux, la machine électorale, l’opinion et les votes. Ils nous fournissent les moyens de vaincre et nous les retirent. Ils sont les propriétaires des armes qu’ils nous prêtent. Ils nous mettent de côté, lorsque nous ne pouvons ou ne voulons rien faire pour eux, comme de vieux outils usagés et disloqués. Ils sont les cavaliers et nous sommes les montures ; si la fatigue nous empêche de marcher, ils enfourchent sans remords d’autres bêtes moins fourbues. Nous les portons, à tour de rôle, sur notre dos, et où ils veulent. Nous sommes en même temps des jouets fragiles et coûteux qu’ils brisent au moindre effort de leurs mains. Et toutes les victoires ou les défaites parlementaires sont là pour signaler leur changement d’allégeance.