poste, la victoire sera impossible pour les siens. Il peut lutter, il peut conserver son poste, il est certain de son triomphe personnel, mais sa victoire conduirait certainement ses partisans à une défaite. On a fait telle la situation que seule sa démission permettra à son parti de vaincre encore.
L’intérêt du parti demande donc qu’il disparaisse. Combien de fois n’a-t-il pas invoqué ce suprême argument pour exiger un sacrifice, obtenir une démission, refuser une faveur ! Et maintenant le même argument se retourne contre lui, l’épée qu’il a si habilement maniée contre les autres le blesse à son tour. Et comme un vieux tambour-major qui battrait lui-même du pied, sans pouvoir s’en empêcher, aux roulements de son propre tambour, Pierre Langelier cède à la raison qu’il donnait aux autres.
Il fait son sacrifice. Puis il se sent petit, déchu, misérable et solitaire dans la vie, presque un autre que lui-même. Il sera l’acteur brillant rentré dans la coulisse à qui manque le respect ambiant, le regard et l’enthousiasme des foules, la splendeur et les lumières du décor. Il sera dépouillé de son prestige comme d’un brillant costume, il est