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Page:Desrosiers - Âmes et paysages, 1922.djvu/169

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froidit à mesure que l’auteur avance : il manie trop lourdement le paradoxe, il manque d’imagination, de fantaisie ailée et de finesse d’esprit. Le développement est pénible, les idées sans grâce restent dans une gravité banale et outrancière. C’est un four complet. Les conversations reprennent alors en sourdine pendant que le conférencier continue, très grand, bien mis, avec des yeux bleus sans flamme qui disent la suffisance, le manque de tact, une prétention bête qui ne sera jamais désillusionnée.

Aussitôt qu’il a terminé, l’agitation reprend ses droits. Les exclamations, les rires, les déclarations se croisent. La fumée opaque avive encore l’éclat des yeux qui luisent et pâlit toutes les figures.

En arrière de Gaston, un poète aux mains fines et blanches, distingué, pâle et délicat, se lamente en termes choisis. Il a publié un volume de vers que la critique n’a pas respecté, ni le public admiré, parce que la puissance et l’originalité de l’inspiration n’emportait pas en leur courant les rimes riches et les mots sonores.

— Une seule chose manque aux littérateurs canadiens, dit-il, et c’est le public. Chez nous, il manque de raffinement et de culture